CORSAIRES EN OCEAN INDIEN AUX
XVIIIème et XIXème SIECLES |
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Vie du corsaire François Ripaud de
Montaudevert Le 25 mai 1755 naît à Saffré en Loire Atlantique
François Ripaud, fils de Jacques Louis Ripaud, notaire et procureur, et de
Françoise Bernardeau. C’est à 11 ans que le jeune François avec
l’assentiment paternel va commencer sa carrière de marin. Il embarque donc
comme mousse sur LE PALMIER en 1766. Commence alors pour lui une vie rude et
aventureuse qu’il poursuivra jusqu'à sa mort. Cette nouvelle vie lui plaît à
tel point que lors de ses retours auprès de sa famille, il n’a rapidement
qu’une hâte : se réembarquer ! François Ripaud repart donc et navigue sur
différents vaisseaux en gravissant peu à peu les échelons de la hiérarchie.
C’est ainsi qu’en 1782, il est nommé lieutenant de frégate sous les ordres du
Général
de Suffren et commence son apprentissage de la guerre, à cette époque
contre les anglais. Par la suite, licencié à cause du surnombre de marins,
François est débarqué à l’Ile de France (actuelle Ile Maurice) qui deviendra
sa patrie. A 29 ans, il est sans travail. Il pourrait naviguer pour faire du
commerce mais après ce qu’il a vécu, cela lui paraît une existence bien
morne. Depuis 18 ans qu’il navigue, il n’est pas lassé de
cette vie aventureuse mais il aspire malgré tout à fonder un foyer et à se
fixer en Ile de France. Le 20 janvier 1784, il épouse Jeanne Françoise Boyer
surnommée Chounette, fille d’un officier de la milice de l’île Bourbon. Deux
ans plus tard naissait leur premier enfant. Mais la vie paisible de la
population de l’île, pour la plupart cultivateurs ne convient pas à Ripaud.
Le voilà donc reparti en mer pour faire du commerce puis à bord de vaisseaux
corsaires pour lutter contre les navires anglais. C’était un homme plein de courage. Ses qualités de
marin et de combattant sont confirmées par les témoignages de ses clefs à
l’occasion de ses services, elles peuvent se résumer par cette simple phrase
« homme précieux pour un chef qui a le désir d’entreprendre des choses
difficiles et hardies ». Des choses difficiles et hardies, voilà la
trame de cette vie ! Mais en dehors des actes d’audace et de courage,
nous trouverons aussi chez Ripaud un côté chevaleresque et généreux à l’égard
de l’ennemi vaincu, soit qu’il rendent la liberté à des anglais survivants de
l’explosion de leur vaisseau, soit qu’il laisse aux prisonniers l’usage de
leurs effets. Dans cette époque où l’héroïsme est commun, il se
distingue quand même par plusieurs actions de bravoure et de folle témérité.
L’exemple en est donné par la victoire qu’il remporta à la tête d’un équipage
de trente hommes sur un navire de quatre canons face à une corvette anglaise
de 16 canons ayant à son bord 150 hommes. Les détails de la lutte ne sont malheureusement pas
connus car on souhaiterait savoir comment une si petite troupe est venue à
bout de son adversaire. Ripaud est considéré comme un bon officier et de
nombreuses missions difficiles lui sont confiées. Pourtant, malgré ses
demandes réitérées pour obtenir des lettres lui permettant de faire la guerre
de course les autorités répondent toujours par un refus. C’est qu’il y a
beaucoup de capitaines qui arment des navires ! Ne se décourageant pas et tout en continuant ses
demandes, Ripaud s’engage sous les ordres de capitaines corsaires et part lui
aussi en guerre. Ce n’est que dans la 50ème année qu’il
obtient enfin gain de cause et qu’il se retrouve en possession de lettres de
course à son nom. Il va alors donner sa pleine mesure. A ceux qui lui font remarquer son âge, il
répond : « Je suis un jeune homme à vieux visage. Devant l’ennemi
je n’ai que trente ans! ». La guerre de course avait porté à son comble
l’exaspération des anglais : des millions de marchandises et de
très nombreux vaisseaux avaient été la proie des français. La Compagnie des
Indes anglaises se retourna alors contre l’île Bourbon qu’elle annexa, puis
contre l’île de France qui tomba le 10 août 1810. Il fut convenu que les
défenseurs de l’île seraient déposés dans un port français. C’est ainsi que
François Ripaud retourna en France après trente ans d’absence. Il y débarqua
avec deux de ses fils (l’un d’entre eux, soldat de Napoléon, trouvera la mort
en Russie). La lutte faisant toujours rage contre les anglais,
Ripaud obtint le commandement de LA SAPHO. C’est à ce poste qu’il va finir sa
vie. Le 23 février 1814, à l’aube, la bataille recommence le long des côtes
françaises. Alors qu’il essaie de sauver son navire, un boulet emporte le
bras de François qui décède de ses blessures le soir de ce même jour. Il est
enterré le lendemain et est salué par tous les canons français et anglais qui
rendent ainsi hommage au grand marin qu’il a été. Un témoin de sa mort glorieuse a écrit :
« Il savait se faire aimer de ses marins. Regretté de tout son équipage,
comme un père chéri l’est de ses enfants. Cet officier servait avec
distinction, il alliait à l’âme d’un « Jean Bart »
cette aménité de mœurs que le rude métier de la mer semble exclure. Il
pouvait n’être qu’estimé, il trouva doux de se faire aimer… ».
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Les corsaires « indiens » au temps de la Royauté Ø Les origines de la guerre de course Ø Le rôle décisif du gouverneur Mahé de Labourdonnais La course aux Indes sous la révolution et l’Empire Ø Vie du corsaire
François Ripaud de Montaudevert |
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